17 décembre 2015 4 17 /12 /décembre /2015 12:53

Dans ce vieux débat opposant l’expert et le généraliste, l’actualité confirme que le premier est bien le roi du monde. Mais est-ce une bonne chose ? N’y a-t-il pas là une piste pour comprendre nos errements et, qui sait, pour sortir de nos échecs ?

Le lendemain du 13 novembre, tous les medias ont agi de la même façon. Les experts ont été convoqués pour expliquer la situation : le militaire, le juge, le policier spécialiste de la traque des terroristes, l’islamologue, le psychologue, l’historien… Tous ont cherché à éclairer l’événement à partir de leur expertise. Les généralistes, absents dans un premier temps, se sont contentés d’endosser le point de vue de l’un ou l’autre de ces experts sans y apporter leur patte. De telle sorte que, dans cette cacophonie de spécialistes, le lecteur ou l’auditeur qui cherchait simplement à mieux comprendre, fut plus désemparé que jamais…*

La loupe ou la longue-vue ? Cette suprématie de l’expert sur le généraliste est devenue un trait majeur de nos sociétés : pour comprendre, quel que soit le domaine, dans la vie personnelle, publique ou professionnelle, nous nous en remettons désormais à l’avis de l’expert. Pas question bien évidemment de remettre son travail en cause. Celui-ci est prépondérant et aucun progrès ne se ferait sans lui. Avec sa loupe, il approfondit, il précise et découvre parfois de nouveaux horizons. Cependant, « scotché » sur son domaine, il a tendance à rétrécir son angle de vue et à s’isoler. Or nous-mêmes, en suivant son œil fixé sur la partie au détriment de l’ensemble, nous nous coupons de l’essentiel qui permet justement de comprendre.

Car cet essentiel est dans l’assemblage de ces expertises ainsi que dans la synthèse que l’on peut en faire. C’est cela le travail du généraliste : utiliser le travail des « fortiches » de la loupe mais à la fin, embrasser le tout en utilisant sa longue-vue. Par la culture générale humaine qui anime ce généraliste, par son expérience, il dispose de ce recul sur l’événement. Il peut être séduit par l’intelligence et la beauté de toutes les expertises mais il sait choisir entre toutes avec bon sens. En ramenant les choses à leur juste valeur, il sait produire une vision intégrant passé, présent et avenir. La force de ce généraliste est donc bien de savoir résister aux excès des experts et d’être ainsi capable de penser par lui-même ! L’un a besoin de l’autre et vice-versa mais c’est au généraliste, muni de sa longue-vue, qu’il revient de décider.

Retrouver l’équilibre… Mais alors, pourquoi aujourd’hui, face à tout problème, cherchons-nous toujours le recours à des angles de vue qui n’éclairent qu’une partie des réalités ? A quelle faiblesse correspond cette propension humaine à se satisfaire du seul point de vue de l’expert ? N’y a-t-il pas là quelque facilité à accepter benoîtement la réponse du premier savant quand nous savons bien qu’en écoutant le second puis le troisième sur d’autres sujets, nous n’en sortirons que plus éloigné de cette compréhension générale à laquelle nous aspirons ? Pourquoi faisons-nous fi systématiquement de ce bon sens qui, paraît-il, est « la chose du monde la mieux partagée »… ?

Ceux qui ont eu affaire au monde médical le savent bien : quand il s’agit de faire le tri entre les avis des spécialistes de tous ordres puis de dessiner le chemin de la guérison avec recul et sérénité, rien ne remplace un généraliste compétent. Sinon, c’est à un risque d’aveuglement dangereux que nous nous exposons. Sachons le dire : il y a dans cette expertise que la modernité favorise à tout prix, non un élan à freiner mais plutôt un équilibre à retrouver qui profitera à tous, y compris à l’expert concentré sur sa loupe... Equilibre que nous n’obtiendrons qu’avec un recours d’égale importance à cette culture générale laissée sur le bord de la route ces dernières années.

Deux exemples édifiants sur nos errements et nos échecs. Ce constat de la surpuissance de l’un sur l’autre ne sort pourtant pas d’un chapeau. C’est nous-mêmes qui l’avons organisée : dans la vie familiale censée construire les fondations de l’éducation humaine, dans la vie scolaire censée apporter l’instruction dont chacun a besoin, dans la vie professionnelle enfin censée ouvrir le vaste champ de l’enracinement social et donner à chacun les moyens de vivre. A chaque étape, les experts ont pris le pouvoir.

A l’école, par exemple, n’incite-t-on pas chaque élève à déterminer au plus tôt sa voie d’avenir professionnel comme devant être son expertise future ? Or l’ayant privé dans le même temps de cette culture générale fondamentale qui pouvait, une fois arrivé à l’âge adulte, lui permettre de trouver avec justesse sa voie, n’avons-nous pas mis, dès l’école, la charrue avant les bœufs ? De même, quand nous immergeons désormais l’élève dans le monde numérique sans l’avoir équipé au préalable de la maîtrise de la langue, croyons-nous vraiment qu’il saura s’exprimer, dialoguer savamment sur ce sujet et être, un jour, en capacité de le dominer ?

Dans l’entreprise, la dérive est la même : après avoir forcé sur la spécialisation technique et ainsi asséché le relationnel, nous avons éprouvé le besoin de respirer avec plus de transversalité. Nous avons donc lancé la mode des projets tous azimuts, nous avons aussi opté pour le management matriciel et puis…, dans cet océan de désorganisation et de réorganisation, dans ce mélange cacophonique d’expertises figées chacune dans leur silo, nous avons pensé qu’il fallait reprendre la main sur nos ressources humaines. Alors arriva le fantasme d’une nouvelle loupe : décrypter chaque emploi sous l’angle des compétences et identifier l’employabilité des salariés. Folle illusion d’experts croyant de la sorte faciliter la relation et la mobilité dans l’entreprise ! Alors qu’on sait par expérience que la compétence n’est que l’un des ingrédients de la réussite professionnelle et que cette employabilité n’est jamais aussi forte que lorsque la personne concernée possède avant tout un vrai socle de culture générale.

Modernité tragique ou modernité heureuse ? Il nous faut décidément reconnaître que, face à l’évolution technologique incroyable que nous avons connue ces trente dernières années, nous nous sommes trompés. Nous aurions dû, parallèlement, injecter du culturel et du relationnel dans toutes les institutions. Mais nous avons fait l’inverse avec le résultat affligeant que nous connaissons. C’est la raison pour laquelle la modernité heureuse n’a qu’un seul chemin, celui du rééquilibre : dans toutes les institutions, il nous faut reconstruire au plus tôt ce socle de culture générale, si vital !

Yves Maire du Poset

* Responsables les medias ? Certes, mais nous aussi ! Après tout, rien ne nous oblige à regarder ces émissions-débat quotidiennes qui endorment les paresseux que nous sommes au lieu de les réveiller…

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28 octobre 2015 3 28 /10 /octobre /2015 15:45

On enseigne que la réclamation d’un client est une occasion formidable de le fidéliser mais dans la réalité, n’est-ce pas de plus en plus       l’occasion de le ficeler ?

L’histoire est simple : en juin 2013, un client achète un taille-haie dans grand magasin de bricolage au prix de 299,99 €. « Un bon appareil, plus cher que les autres mais vous verrez, c’est du BOSCH, c’est du solide… ! » affirme le vendeur. En juillet 2015 l’engin ne fonctionne plus, bien qu’il n’ait été utilisé que 2 fois. Le coût de la réparation de 143,73 € est exorbitant, surtout 20 jours après la fin de la garantie…

Le client écrit directement au président de la chaîne. Une personne du service commercial l’appelle et se contente de lui réciter sa lettre jusqu’à épuisement : « Donc, vous avez acheté un taille-haie… » sans apporter de solution, bien entendu. De guerre lasse, il écrit au directeur du magasin local qui, lui, offre un rabais de 50 € consenti sur la réparation ou sur l’achat d’un nouvel appareil.

Le client fait ses comptes : s’il opte pour la réparation, cela lui aura coûté in fine 393,72 €. Mais avec quelle garantie, nul ne le sait. S’il en rachète un autre, l’opération représentera au total 550 €. Devant de tels coûts pour prendre part à ses difficultés, il est forcément déçu.

Du coup, il se met à relire le courrier de réponse du magasin. Et là, un sentiment d’agacement puis de fureur s’installe, un peu comme quand on réalise, a postériori, qu’on s’est fait avoir par un discours dont la brillance cachait si bien le côté pervers.

Alors, après réflexion approfondie et la ferme intention de ne plus remettre les pieds dans ce magasin auquel il avait pourtant été fidèle pendant longtemps, le client est allé par dépit acheter un autre taille-haie chez un concurrent, cette fois-ci avec 3 ans de garantie.

Examen de la réponse commerciale inappropriée devant sa réclamation. D’abord, c’est un copié/collé d’une lettre type (bourrée de fautes d’orthographe) et structurée de la manière suivante : rappel des faits, expression de leur désolation vis-à-vis du client, quelques phrases sur leurs efforts pour obtenir gain de cause auprès de BOSCH et surtout le rappel de ce que cette opération leur a couté : aller/retour de l’appareil, geste commercial…

Bref, gentiment, le schéma s’est inversé : ils parlent d’eux et, si bien, qu’on a presque de la peine pour eux. Sur l’embarras du client, pas un mot, ni sur le temps qu’il a passé à rapporter l’appareil, à discuter, à leur écrire, à attendre une solution… Ils ne sont donc ni coupables ni responsables mais juste victimes de leur fournisseur BOSCH qui n’a pas voulu assumer cette déficience d’un appareil, 20 jours après la fin de la garantie. L’argumentation est telle que nous sommes invités à penser qu’ils ne sont pas suffisamment puissants face à lui. Certains naïfs le croiront peut-être mais sûrement pas en tout cas ceux qui, tel David contre Goliath, savent ce que veut dire négocier avec la grande distribution au moment, par exemple, des remises de fin d’année…

Leçons à tirer d’une telle déconvenue. Dans ces grandes chaînes de distribution où l’on parle de plus en plus d’une relation de confiance, d’une relation gagnant/gagnant entre le client et le vendeur, il faut donc comprendre le contraire : il s’agit d’un leurre, d’une tromperie. La vérité est qu’au fond, dans le processus économique qui va du fournisseur au client final, la responsabilité incombe au client et à lui seul. Mais alors, à quoi servent ces belles valeurs affichées partout et sans cesse tournées vers le service au client ? Ne sommes-nous pas en fait devant un mensonge organisé selon le schéma suivant : quand il s’agit de vendre, ils sont les « sachants », quand il s’agit du SAV, ils sont les victimes mais quand il s’agit d’assumer les conséquences de leur mauvais choix au bout de ce processus, ils affirment que le client est le seul responsable des problèmes techniques des produits achetés ; lui qui ne les maîtrise évidemment pas. En l’occurrence, ce que veut ce client, c’est seulement tailler sa haie…

Mais le pire est cette attitude commerciale dévoyée qui reflète bien la tendance du moment. A l’heure même où tout le discours de ces chaînes de distribution s’embaume d’humanité affichée (on est là pour vous servir…), la réalité est tout autre : la relation commerciale s’appauvrit en faisant fi de tout échange, en reportant sur d’autres la part de responsabilité qui leur incombe. Le client n’est plus qu’un portefeuille et rien d’autre et le court terme d’une affaire vite faite l’emporte sur le long terme d’une relation de confiance. Ces chaînes de grande distribution sont-elles seulement conscientes de ce vers quoi de tels choix excessifs les entraînent ? Rien n’est moins sûr…

Dans l’univers professionnel, le constat malheureux de cette perte relationnelle est le même. Il est décrit dans le roman « Ressources inhumaines » de Frédéric VIGUIER (Albin Michel) dont je viens d’achever la lecture. C’est l’histoire, très bien racontée, de l’ascension professionnelle d’une femme qui, pour réussir, comprend qu’il lui faut se défaire de sa part d’humanité. Cela se passe justement dans l’univers de la grande distribution…

Yves Maire du Poset

Cette histoire s'est passée chez LEROY MERLIN à Quétigny.

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27 août 2015 4 27 /08 /août /2015 08:17

Quand on referme le « Journal des années noires - 1940-1944 » de Jean Guéhenno, on se dit qu’il faut absolument le partager tant il suscite l’enthousiasme ! Il est d’une actualité éclatante et ses enseignements vous seront utiles dans votre travail au quotidien comme dans votre vie personnelle !

Tout d’abord, quelques mots sur l’auteur : d’origine modeste, Jean Guéhenno doit entrer à l’usine très tôt pour gagner sa vie. Mais il a gardé ce goût irrépressible de l’Ecole ; il passe son bac tout seul, entre à Normale Sup puis est reçu à l’agrégation de lettres. Quand la guerre éclate, il a déjà 50 ans (il a fait celle de 14-18), il forme de jeunes futurs normaliens et il est un écrivain reconnu. En 1962, il entrera à l’Académie française.

Il y a tant de choses à raconter dans ce journal de guerre : l’occupation et ses souffrances ; ses observations d’intellectuel dans la tourmente ; ses réflexions sur la France, sur les Français, sur l’Histoire, sur l’Homme, sa grandeur et ses misères… Forcément, dans un journal de bord, il est question de tout et de rien, du quotidien comme de l’exceptionnel… Là, il y a beaucoup de sublime.

Dans ce paquet de perles, j’ai choisi d’en faire connaître quelques-unes car elles fonctionnent comme l’aide dont chacun rêve : être accompagné dans son travail de tous les jours et dans ce désir de se dépasser, quelles que soient les circonstances.

La première perle est ce conseil précieux, face à l’adversité, de ne pas s’abandonner à la détresse, au repli mais plutôt de se mobiliser et se remettre en cause. Il y a de belles pages sur la difficile réalité de l’occupation. Mais les plus belles sont consacrées à la manière dont il en a tiré profit malgré tout : ne jamais renoncer, tel est son message : « Faisons de nécessité vertu. Les circonstances mêmes nous aideront peut-être, qui sait. Nous deviendrons plus intelligents. Il va falloir ruser, tourner dix fois sa langue dans sa bouche, sa plume dans son encrier. Nous parlerons mieux. Nous écrirons mieux. » Un message qui ressemble fort à ce que nous enseigne la République des lettres au XIVème siècle : même dans des régimes tyranniques, des esprits libres réussissaient à émerger ! Travailler en se replongeant dans ses tâches est le plus sûr moyen de retrouver sa noblesse : « Que notre cellule soit pleine de clarté ne dépend après tout que de nous. » Nous ne sommes pas loin de cette idée que le travail bien fait entraîne la paix…

La deuxième perle est cette incitation constante à penser par soi-même, unique manière d’approfondir sa connaissance du monde. Pour illustrer ce point, il écrit ceci : « Un homme d’autrefois qui ne savait pas lire se sauvait par la méfiance. Il se savait ignorant, aussi bien qu’un Descartes, et était en garde contre quiconque parlait trop bien. Il pensait seul, ce qui est l’unique manière de penser. » Quelle actualité au regard du bruit de notre monde qui pousse chacun à se rétrécir par la répétition plutôt qu’à grandir en réfléchissant par soi-même ! Grandir, c’est d’abord travailler…

La troisième perle est cette invite à ne jamais rester seul et à aller vers les autres. La guerre éloigne et pas seulement physiquement. Elle assèche : « C’est le pire de la servitude de nous enfermer en nous-mêmes malgré nous. » Jean Guéhenno cultive la conversation, y compris avec ceux dont il ne partage pas tous les choix. Il sait que la confrontation des pensées élève et unit si on en a la volonté ! Il montre l’importance dans un groupe de la présence de personnalités différentes avec leurs angles de vue complémentaires. Par exemple, en évoquant les artistes, il souligne l’enrichissement qu’apportent leurs visions singulières mais aussi l’allègement qu’elles produisent dans l’appréciation de toute chose. Ainsi dans nos structures professionnelles, suivons sa recommandation : obligeons-nous chaque jour à de nouvelles rencontres, parfois décalées, parfois improbables. A tous les coups, elles nous enrichiront. Je songe soudain, dans l’univers professionnel (mais aussi politique), à ces comités de direction dans lesquels tous, peu ou prou, se ressemblent. De quels éclairages ne se privent-ils pas ! A l’heure de la parité et de la diversité si vantées, je fais une suggestion : n’est-il pas temps de rendre obligatoire la présence d’un poète, d’un historien, d’un philosophe, d’un paysan… dans ces assemblées de décideurs ? Et si on mettait en place la parité culturelle ?

Enfin, la perle des perles est que ce livre vous rendra heureux ! Je sais bien que votre travail occupe tout votre temps et que la seule perspective de vous plonger dans un livre vous épuise. Et pourtant, comme tout le monde, vous avez ce besoin naturel de « sortir de vous-même pour être plus puissant ». C’est l’occasion idéale : ce journal est rédigé comme il se doit, par petits morceaux. Votre lecture en sera plus simple : chaque jour, une page ou deux à lire. Vous pouvez interrompre votre lecture, sauter les passages qui vous sembleront éloignés de vos attentes. Vous pouvez aussi l’ouvrir où vous voulez, tout est bon à prendre. Et les sujets sont d’une actualité parfois sidérante : l’éducation qui est le bien le plus précieux, le travail qui libère par la reconnaissance et les liens qu’il crée, l’importance de la langue sans laquelle nous mesurons vite notre impuissance, la jeunesse qui doit se garder du jeunisme, l’Europe qu’il faut construire sans pour autant se détruire, l’Histoire sans laquelle l’ombre domine, la modernité qui oublie que l’humilité est une compétence maîtresse du bâtisseur… Vous y rencontrerez également des personnages hauts en couleurs, des grands et des inconnus, tous passionnants. Et parfois, il arrivera que vous lâchiez le livre emporté par le rire ! Le 1er mars 1941, il note : « Hier dans le métro, un soldat allemand compulse son guide de Paris. Il finit par s’adresser à un vieil ouvrier. Il cherche la station Bréguet-Sabin. Le vieil homme le renseigne mais ne parvient à se faire comprendre. Alors débordant d’une pitié sincère : « Mon pauvre vieux. Mais c’que t’es c… Qu’es-tu venu foutre ici ? C’est trop compliqué pour toi. »

Bonne rentrée à tous !

Yves Maire du Poset

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6 août 2015 4 06 /08 /août /2015 14:35

A cause de leur paresse intellectuelle, les dirigeants des grandes entreprises ne sont plus à la hauteur de la situation. Face aux changements, la direction d’entreprise est devenue non seulement inefficace, mais le plus souvent, contre performante.

Depuis 30 ans, le management a été littéralement dépassé par l’évolution effrénée du monde économique dont le développement technique, l’obsession d’une rentabilité démesurée pour l’actionnaire, la mondialisation, la libération des marchés…. Bien entendu, l’entreprise a cherché à s’adapter, à faire évoluer ses pratiques mais avec de mauvaises solutions. Par la séduction facile que celles-ci ont exercée aux yeux de ses dirigeants, elle a ainsi fabriqué des aberrations dont elle souffre aujourd’hui. Exemples : la soumission au chiffrage de tout ce qui bouge, le « rien ne doit échapper à un process », l’invention perpétuelle de nouvelles formes d’organisation, les incessants appels à des valeurs « hors sol » pour stopper le désengagement des salariés (quand il ne s’agit pas de mettre fin à leur souffrance, voire à leur suicide) ; bref, elle a participé grandement à cet inquiétant recul du relationnel en son sein !

Dans La faillite de la pensée managériale*, François DUPUY décrit une entreprise à la dérive dont le management se retrouve régulièrement, tel Sisyphe poussant son rocher, à tenter une énième solution managériale miraculeuse pour surmonter les difficultés du moment. Or faute d’une culture générale suffisante qui, seule, donne cette capacité à bien commander, les dirigeants s’en sont remis paresseusement à l’offre des grands cabinets de conseil qui, non seulement ont prêté le flanc à ces dérives managériales mais les ont encouragées… Faut-il ajouter que, pauvre en connaissance des sciences sociales et faite de modèles standardisés, adoubés par les plus grandes « business schools », sans cesse « benchmarkés » (pour, soi-disant, atteindre la vérité de la réalité…), l’offre de ces cabinets a été, pour l’entreprise, le plus souvent inopérante, voire perverse.

Dans ce livre très instructif, on se distrait beaucoup avec les exemples de ces dérives. On rit parfois avec la sidération éclairante de celui qui découvre comment on peut perdre tout sens commun. Il arrive aussi qu’on pleure quand on s’aperçoit du coût des conséquences de ces dérives et, encore plus, quand on songe au coût de ce monde managérial désemparé…

Une piste pour ne pas jeter l’argent par la fenêtre…

Voici une illustration de la démonstration de l’auteur à partir d’une expérience que nous avons tous faite depuis quelque temps (certes dans un autre domaine mais pourtant si proche…) : avez-vous remarqué, dans les grandes surfaces ou à la SNCF, comme le personnel est désormais formé à dire « bonjour » dès qu’il est abordé par le client ? Par exemple, vous approchez un vendeur ou un agent de la circulation avec la plus grande des politesses : « pardonnez-moi, Monsieur, pourriez-vous me renseigner… ». Celui-ci vous coupe la parole d’un « bonjour » dit de manière abrupte et avec l’air de celui qui fait la leçon : tout de même, Monsieur le client, semble-t-il dire, vous auriez pu commencer par me dire « bonjour »… Comme s’il était impoli d’aborder quelqu’un par ce « pardonnez-moi… » interrogatif, ainsi que le fait pourtant tout le monde anglophone…

A la manière de François DUPUY, voici ma version sur ce qui s’est passé. L’entreprise est partie d’un constat juste et heureux : il faut bien accueillir le client. Elle a donc décidé de mettre en place des formations pour apprendre aux personnels en contact avec les clients, l’importance de ce mot magique. Avec un principe d’airain : tout commence par un « bonjour ». Quoi de plus vrai ? Mais hélas, on a omis de prendre le temps et le soin d’étudier ce qui se passe vraiment dans la réalité. Ce qui fait que la formation a produit un effet médiocre, voire désastreux.

Il existe en effet de nombreuses façons d’aborder quelqu’un et aussi de lui répondre. Car dans ce domaine des relations humaines, il faut être un peu subtil… Par exemple, face à un client qui dit « pardonnez-moi, monsieur, je souhaiterais un renseignement… », il convient plutôt lui répondre : « que puis-je faire pour vous… ? », avec toute l’attitude ouverte, reconnaissante et valorisante de circonstance ; celle qui n’a qu’un but : entrer dans la pensée du client afin de le satisfaire.

A en juger par ce « bonjour » sec et sans tact que l’on « sert » désormais au client, on perçoit que ces entreprises n’ont pas encore compris ce qu’un examen approfondi de la situation eut révélé : la réalité des relations humaines est complexe et traiter de façon mécanique et anonyme le client n’est pas la bonne solution. Celle-ci ne réside pas dans une formation standard dont le modèle, sorti du premier tiroir à portée de main, produira l’inverse de l’objectif recherché. La bonne solution doit être construite à partir d’un examen scrupuleux de la réalité pour, dans un deuxième temps, inventer une solution ad hoc. D’où l’intérêt dans la phase d’analyse d’une bonne maîtrise des sciences humaines…

Hélas, pour ces entreprises, pourtant dites « B to C », cette idée fait encore rire… Ce qui en dit long sur l’état de la culture relationnelle de leurs dirigeants et sur l’effort de formation à produire pour l’acquérir.

L'éloignement des réalités, maladie du siècle ? Sans doute, comme chacun le voit tous les jours et pas seulement dans l’entreprise… Voici pourquoi, je vous invite à lire ce livre pour, dès la rentrée, vous inciter à vous demander dans et hors de l’entreprise : que puis-je faire pour y résister ?

J’en profite pour souhaiter, à chacun, de bonnes vacances !

Yves Maire du Poset, auteur de : Toutes les clés du savoir-vivre en entreprise (co-écrit avec Olivier de Clermont-Tonnerre, Editions LEDUC, 2010)

*La faillite de la pensée managériale de François DUPUY, Seuil, janvier 2015

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15 avril 2015 3 15 /04 /avril /2015 07:55

Vous êtes un chercheur d’emploi ? Surtout, n’écoutez pas ceux qui vous conseillent de commencer par faire votre CV ! Vous êtes un chercheur de profils ? Arrêtez d’exiger des CV avant tout contact ! Dans les deux cas, il y a mieux à faire !

Tout d’abord, il faut comprendre que le CV constitue un formidable paradoxe : il est un véritable enquiquinement (pour rester poli) pour le rédacteur comme pour le lecteur et un média incontournable exigé par tout le monde ! D’un côté un fardeau nécessaire et, de l’autre, quelque chose comme les Tables de la Loi ! Quel que soit le rôle qu’il se voit attribuer : passeport pour l’emploi, sésame pour rencontrer les autres, instrument de présentation de l’offre professionnelle d’une personne, outil de recherche de la perle rare pour les entreprises…, le CV occupe un espace et un temps considérables dans le domaine de la recherche d’emploi. Avec pourtant des effets qui sont loin d’être si efficaces que ceux attendus !

Ce que le CV veut dire et ce qu’il ne dit pas ! Il est supposé apporter avec clarté les informations nécessaires à la bonne compréhension du déroulement de la vie d’un candidat (ce que veut dire curriculum vitae). Or dans la plupart des cas, il produit l’effet inverse : on est dans le flou et la dispersion, voire dans la distraction. Son ambition même, c’est-à-dire vouloir tout dire de l’offre professionnelle d’une personne sur un bout de papier, est un pari impossible ! La meilleure preuve se trouve dans le peu d’enthousiasme que suscite sa lecture : avez-vous rencontré beaucoup de gens ayant lu avec gourmandise un CV, sinon pour s’en moquer ? Moi pas. L’idée même de vouloir ainsi conquérir le lecteur en mettant tout dans un même sac comme l’on fait d’un fatras, n’est pas raisonnable. Rendez-vous compte : l’état civil, les coordonnées, le passé, le présent, le futur, les fonctions, le temps, la trajectoire, les actions menées, les hobbies, les savoir-faire, la vie personnelle, parfois la photo… Tout doit y figurer alors que pour le lecteur, in fine, c’est le rien qui l’emporte… Dans le meilleur des cas, il n’échappera pas au vertige devant tant de données à décrypter puis à digérer d’un coup.

Tout se passe comme si, avant d’acheter quelque appareil ménager que ce soit, vous étiez obligé de vous « farcir » la lecture in extenso de son mode d’emploi, et dans toutes les langues s’il vous plaît ! Bref l’écœurement est proposé au client avant même de le mettre en appétit ! C’est avec peine que je pense aux recruteurs obligés d’en lire des dizaines… Du côté du rédacteur, c’est un vrai casse-tête. Entre ce qu’il veut dire et ce qu’il réussira à écrire, muni de tous les bons conseils des uns et des autres qu’il ne manquera pas de quémander, un peu bêtement d’ailleurs… et auxquels s’ajouteront ceux des nombreux livres consacrés à ce sujet, nul doute qu’il sera lui aussi, dès le démarrage, guetté par l’indigestion. Or ce CV si bavard ne dit pas l’essentiel. Il ne dit rien en effet de la puissance professionnelle de la personne et de ce qui rend son identité professionnelle unique. Pas plus que des ingrédients majeurs de son offre : sa motivation, sa créativité, sa personnalité… En fait rien n’est vraiment dit de son humanité professionnelle, comme si cela ne comptait pas ! A sa lecture, on reste dans la devinette…

Le jeter aux orties…? Faut-il pour autant ne plus faire de CV ? Non mais il ne faut pas en faire un prérequis dans la recherche d’emploi. C’est plutôt la dernière étape du nécessaire travail de réflexion sur soi. En fait, nous sommes dans une situation incroyable qui semble ne perturber personne et dont le caractère immobile laisse pantois* : d’un côté, le chercheur d’emploi dépense une énergie folle dans la réalisation de ce CV dont il pressent dès le démarrage qu’il n’est qu’une bouteille à la mer… Et, de l’autre côté, les chercheurs de profils exigent de recevoir ce média repoussant sur lequel il va leur falloir « ramer » pour trouver l’oiseau rare. Que d’énergie et de temps perdus pour un système qui ne contente personne. Mais surtout, que de talents passés dans les trous de la passoire !

D’où vient cette absurdité qui fait consensus et comment en sortir ? Est-elle due à la jeunesse de l’instrument, à celle du métier des RH, à la tendance actuelle à vouloir privilégier la forme sur le fond, à l’absurdité moderne de vouloir tout mettre en carte comme si cela permettait d’aller plus vite et plus directement au but ? Il paraît que les CV sont désormais lus (un bien grand mot pour la circonstance…) par des outils performants repérant les mots clés afin d’identifier le profil le plus adapté… Vivement l’arrivée des robots sur le marché de l’emploi, ça ira plus vite ! Je crois pour ma part, en prenant le risque de déranger les pratiques « académiques », qu’il y a derrière ce système peu contesté une sorte de paresse intellectuelle et un manque de réflexion et de concertation de tous les acteurs. Car bien sûr, il y a mieux à faire : par exemple, adopter les outils éprouvés de certains spécialistes du repositionnement professionnel. Chercheurs d’emploi comme chercheurs de profils en tireraient un grand avantage. Voici deux pistes d’amélioration concrètes :

- Le chercheur d’emploi : il faut l’entraîner à formaliser son offre avec des mots et des phrases. C’est-à-dire lui apprendre à dire tout simplement ce sur quoi il peut, avec force légitimité, se positionner. C’est un autre travail, plus difficile que celui de faire un CV fourre-tout mais qui donne de meilleurs résultats. Voyez par exemple comment les gens du conseil intègrent dans leurs propositions commerciales les mini-CV de ceux qui prendront part à la mission. Ils sont rédigés en quelques lignes avec les ingrédients qui savent faire le lien entre le client et la mission en question. Toutefois, un effort préalable est à fournir par le chercheur d’emploi : produire un vrai travail sur soi, avec méthode et entraînement. Ceci s’apprend.

- Le chercheur de profils : il faut l’aider à changer de comportement : en acceptant d’abord de se rendre de nouveau accessible (avez-vous remarqué qu’à l’heure de la « com à tout va », il n’est plus possible de joindre quelqu’un dans les entreprises ?) puis de recevoir directement des messages courts (comme décrits plus haut) venant des chercheurs d’emploi. Toutefois, un effort préalable est à fournir par le chercheur de profils : savoir faire comprendre ce qu’il attend au lieu de se contenter de demander un CV et muscler sa pratique de l’entretien professionnel afin d’être capable en quelques minutes d’identifier la puissance de l’offre d’un candidat, sans lecture préalable du CV. Ceci s’apprend.

Remettre de l’air dans le processus ! En permettant ainsi un retour du relationnel dans ce système, il s’agit bien de favoriser la rencontre entre tous les acteurs avec des moyens plus adaptés, utilisant davantage les ressources du marketing personnel. Ce qui appelle un changement culturel, y compris dans les Institutions publiques afin d’équiper les offreurs et les demandeurs d’emploi d’outils de promotion plus efficaces. La récente réforme de la formation professionnelle qui oblige désormais les entreprises à faire des entretiens professionnels tous les deux ans va d’ailleurs dans ce sens : professionnaliser l’évolution des carrières. On parle beaucoup du besoin de fluidifier le marché de l’emploi mais franchement, n’est-il pas temps d’essayer de nouvelles pistes ?

Yves Maire du Poset

* le numérique n’a pas changé les choses, il n’a fait que les accentuer !

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12 mars 2015 4 12 /03 /mars /2015 18:14

Avec du temps et un peu d’argent, vous pouvez non seulement mieux envisager votre évolution professionnelle mais vous pouvez la piloter avec efficacité !

image de l'article sur le site des Echos

Vous avez 35, 45 ou 55 ans… ? Croyez-moi, c’est le bon moment d’investir dans votre avenir ! Pourquoi ? Parce qu’il n’est pas question de rater les 30, 20 ou 10 années professionnelles qui sont devant vous !

Les temps ont en effet changé et vous vous dites sûrement que, concernant votre offre professionnelle, bien des choses pourraient être améliorées : « Comment exprimer en quelques mots le cœur de ma puissance professionnelle ? Comment donner envie à ceux que je rencontre d’en savoir davantage ? Quelle est l’image que je donne de moi et suis-je vraiment au clair avec les éléments forts de ma personnalité ? Ai-je une bonne maîtrise des techniques d’écoute ? Comment reprendre langue avec ceux que j’ai négligés depuis tant de temps (eux aussi d’ailleurs…) ? Au fait, est-il judicieux de leur téléphoner ou plutôt de leur écrire ? Et puis surtout, comment vais-je m’y prendre pour que ma démarche pour réactiver mon réseau réjouisse mes interlocuteurs au lieu de les ennuyer comme le font les quémandeurs de recommandations…?»

Autant de questions qui illustrent quelques-unes des difficultés que les cadres et les dirigeants, aujourd’hui, rencontrent quand il s’agit de réfléchir à d’autres perspectives, de se remettre en marche, d’essayer d’anticiper, d’identifier de nouvelles opportunités… Côté évolution de carrière, l’époque n’est en effet pas simple pour les cadres !

La situation en quelques mots. Résumons : un chômage qui semble incompressible, des changements incessants de toutes sortes, techniques, organisationnels, culturels… auxquels il faut s’adapter en permanence et des exigences qui laissent de moins en moins de liberté. Bref, ces dernières années, l’univers des cadres s’est durci et leur horizon s’est assombri. Du coup ils sont aujourd’hui devant une évolution professionnelle incertaine. Pourtant, des solutions existent pour éclairer l’avenir : par exemple celle de décider de se prendre en main pour évoluer, comme un grand.

Car là se situe le grand changement. Autrefois (il y a seulement 30 ans…), le marché vous portait : une croissance économique régulière, de la stabilité dans les institutions publiques comme privées rendaient les évolutions de carrière faciles. Même l’immobilisme payait ! Et si l’on n’était pas content, il suffisait d’aller voir ailleurs ! L’offre était vaste et une simple petite dose de dynamisme réglait les accidents professionnels. Nous n’en sommes plus là.

Pourquoi c’est plus difficile aujourd’hui ? Ce qu’il faut comprendre avant tout est ceci : dans un marché de l’offre d’emplois abondant, seule la compétence technique a de la valeur. Quand dans une entreprise, un besoin apparaît, la rareté de l’emploi aidant, on se contente de cette compétence technique. Une fois trouvée, on se dit que la satisfaction des attentes du client suffira à combler la nôtre ! Voici donc notre entreprise dans un bain de joie technique, faisant fi d’un examen approfondi des autres compétences humaines. Et c’est ainsi que, dans tous nos grands groupes, les postes de managers ont été occupés - et le sont encore largement - quasiment exclusivement par ceux qui possédaient cette compétence technique sans même que l’on se pose la question de savoir s’ils avaient le talent managérial pour assumer cette fonction.

A contrario, dans un marché de l’offre d’emplois pauvre, il n’en va pas de même. Les affaires se raréfient, la concurrence est plus rude. Du coup, on comprend vite que la compétence technique ne suffit plus car d’autres la possèdent aussi. Il s’agit donc de prendre en compte, presque sous la contrainte, ce fameux versant des compétences comportementales, relationnelles. Bref tous ces aspects humains jusqu’alors délaissés, doivent reprendre leur place car en situation tendue (management, négociation, vente, communication stratégique…), ils font désormais la différence.

Ce changement qui devrait inciter à s’intéresser plus que jamais à ces compétences humaines, peu l’ont vraiment intégré. Il suffit de voir la notion d’employabilité : tout le monde veut la développer mais personne n’a vraiment compris que cela passe d’abord et avant tout par une meilleure maîtrise de ce versant transversal des compétences humaines.

Or face à un tel changement, les cadres et les dirigeants, mal préparés et mal entraînés, continuent d’attendre, un peu passifs. Mais qu’espèrent-ils ? Que quelqu’un va les prendre en main ? Qu’ils n’y comptent pas et qu’ils se mettent plutôt au travail afin d’être vraiment en condition pour évoluer !

Ce qu’il faut faire. Prendre le temps nécessaire à la réflexion sur soi, sur son parcours, sa personnalité et sur toutes ses compétences propres (et pas seulement techniques) qui font la différence. Idéalement, il vous faut mener cette réflexion avec un professionnel qui saura vous éprouver et vous guider dans l’analyse de votre offre. Il saura vous faire reprendre la main sur votre carrière et vous donner les 2 clés de la réussite pour « aller » vers le marché de l’emploi de manière efficace : cette confiance en vous qui va muscler votre marketing personnel et cette légitimité retrouvée vis-à-vis d’un marché certes difficile mais qui reste plein d’opportunités. Encore faut-il savoir comment les identifier…

N’ayez pas d’inquiétude, en évolution professionnelle comme dans tous les domaines, rien ne résiste à un travail bien mené.

Certes, cela a un coût. Mais ce coût, il faut savoir l’intégrer dans le temps, c’est-à-dire envisager son amortissement sur toutes ces années qui sont encore devant vous. Que sont en effet quelques milliers d’euros au regard du profit que votre carrière peut en tirer ? Je suis toujours frappé de voir à quel point chacun sait investir dans son image, dans son bien-être physique, dans tant de choses parfois futiles et… si peu dans ce qui est la garantie d’une bonne évolution de carrière sur le long terme. Franchement, est-ce bien le moment de se montrer « rat avec soi-même » ?

Le temps est en effet venu de piloter, soi-même, sa barque. Ce qui suppose deux décisions : d’une part, faire un peu de place dans son agenda pour réfléchir et travailler sur soi et, d’autre part, accepter l’idée d’un effort personnel sur le plan pécuniaire pour se mettre en marche vers l’avenir.

Yves Maire du Poset

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1 septembre 2014 1 01 /09 /septembre /2014 08:36

1ère de couverture avec mention NouveauIl est des petites choses qui, parfois, changent la vie. Savoir dire « bonjour » en est une qu’il faudrait sans doute remettre au goût du jour ! Et pas seulement dans les grandes surfaces…

Un accueil du tonnerre. Un matin, en entrant dans une grande surface de bricolage* pour y acheter quelques clous, un agent du magasin me lance un sympathique « Bonjour ». Surpris, je me retourne et lui réponds avec un grand sourire sur le même ton.

Je poursuis ma route avec ce bonjour qui me revient en plein cœur. Je me dis : « Sympa ce magasin, c’est bien la première fois que dans une grande surface… ». Je me retourne et entends que chaque nouvel entrant bénéficie comme moi de cette amabilité : l’agent est décidément là pour bien accueillir les clients.

Franchement revigoré par cette bonne nouvelle, j’entre dans une allée, à la recherche de mes clous et me réjouis de ma bonne humeur car grâce à cet agent, l’enquiquinement qu’était pour moi cette affaire de clous s’est transformé en joie.

Ce que bonjour veut dire. Car en effet, que de promesses dans un tel bonjour : celle d’abord d’être reconnu comme un client qui compte même si ce n’est que pour trois clous…, celle ensuite d’être ainsi accompagné au démarrage de ma recherche et de trouver, qui sait, d’autres agents aussi accueillants sur qui je pourrai m’appuyer (si je ne trouve pas tout seul mes trois clous). Un tel accueil me laisse enfin penser que je suis comme invité à être écouté. Ce qui est malin, surtout quand on sait que toute question venant d’un prospect ou d’un client couve un désir d’achat…  Bref, j’ai le sentiment que cette visite utilitaire va se transformer en quelque chose de positif et de chaleureux ! 

Le choix entre l’Homme et l’organisation. Aurait-on décidé de changer le cours classique des choses qui, concernant l’accueil de ces grandes surfaces, va souvent à l’encontre du bon sens ? Reconnaissons les faits : le plus souvent, on a droit à l’accueil glaçant du planton de service, en général assez carré aux épaules, avec un œil menaçant, scrutant avec insistance le client entrant, et surtout, surtout… sans l’ombre d’un sourire. Un sourire qui devrait donner le la de la visite commerciale et surtout faire de votre entrée un événement ! Mais diable, lui aurait-on dit, pour le former, qu’il faut commencer par se méfier du client ?

Il y a ensuite le piège tendu dès l’entrée dans le magasin : ce fameux merchandising qui vous conduit, à votre insu, vers ce qui va remplir au maximum votre chariot et vous alléger financièrement le plus rapidement possible. Bref, une organisation sans doute pensée pour être la plus fructueuse possible mais qui, finalement, dégage autant de chaleur humaine qu’un réfrigérateur.

Mais alors, avec le retour d’un tel accueil sympathique, aurait-on décidé de remettre au goût du jour ce mot magique, simple comme… ? Et dont l’impact positif auprès du client est sans doute plus important qu’on ne le croit ? Question : qui sont ces équipes  « expérimentées » qui sont à la réflexion sur ce sujet de l’accueil dans ces grandes surfaces : le marketing, la sécurité, la direction financière… ? Certes, accueillir le client est au départ une charge et parfois même un risque… Mais au bout du compte, a-t-on bien mesuré le coût final d’un accueil médiocre, voire inexistant ?

Pour les entretiens professionnels, c’est pareil. Hé oui, il n’y a pas que dans les grandes surfaces où le peu de considération porté à ce moment clé de l’accueil est manifeste. Dans mon métier (je fais de l’outplacement et accompagne les cadres dans l’évolution de leur carrière), je suis souvent étonné du peu d’intérêt porté à l’art de réussir les premiers instants des entretiens, qu’ils soient de réseau ou de recrutement. Comme s’il s’agissait là de quelque chose d’entendu, de banal et sur lequel chacun se sent suffisamment expérimenté : « Réfléchir à la manière dont je dis bonjour…, vous rigolez, j’ai trente ans d’expérience professionnelle ! » Sur ce type de réaction, trois fois hélas… car ces dizaines de petites choses qui interviennent dans un premier contact (dire bonjour, regarder son interlocuteur, lui sourire, décliner son identité, lui serrer la main, dire quelques mots, j’en passe et des meilleures…) installent la relation de deux façons : soit dans un registre positif car en étant préparé et entraîné, on est immédiatement en situation d’écoute, comme libéré du souci de savoir quoi faire dans cette circonstance ; soit dans un registre beaucoup moins positif car en n’étant pas préparé, on est comme ficelé dans l’improvisation…

Un « must » qui change tout ! Or si les premiers pas dans les entretiens sont souvent affligeants, c’est  parce qu’ils ne sont non seulement jamais préparés mais pas même envisagés. Et l’on se prive ainsi de bien des avantages. Deux exemples concrets : quand on a travaillé cette question, on a compris que quand on est reçu, il faut savoir soi-même accueillir celui qui vous reçoit ; on a également compris qu’un peu de professionnalisme pour démarrer l’entretien facilite la prise de parole par l’autre et vous met ainsi dans une position d’écoute, favorable à vos intérêts… Bref, autant d’éléments à travailler qui vous évitent par la suite de ramer à contre-courant…!  

Oui, quelles que soient les circonstances, il faut apprendre à dire bonjour, s’y préparer et s’y entraîner. Dans une grande surface ou dans un entretien professionnel, cet art de l’accueil doit être maîtrisé. Souvenez-vous de ceci : un accueil réussi devrait fonctionner comme l’évidence d’une danseuse de Degas, une grâce qui vous tombe dessus !

 

Yves Maire du Poset, auteur de « Deux minutes pour faire bonne impression » à paraître dès le 8 septembre 2014 (Editions LEDUC)  

*L’entrepôt du bricolage (à Fontaine lès Dijon)

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25 août 2014 1 25 /08 /août /2014 09:04

1ère de couverture

NOUVEAU !

Sortie du livre le 8 septembre 2014 !

Deux minutes pour faire bonne impression

Apprenez à faire une bonne première impression au travail et dans la vie de tous les jours

(mais sans en faire trop !)

Que ce soit avec vos proches, vos collègues ou un recruteur, parler de vous – raconter votre parcours, votre personnalité, vos passions… – est un exercice difficile mais qui peut rapporter gros. Gare aux discours confus, trop longs ou ennuyeux ! Même vos enfants doivent comprendre facilement !

Au programme :

● Comment parler de vous avec clarté, en quelques secondes ou en deux minutes maximum

● Comment bien démarrer un entretien formel

● Comment inspirer confiance et enthousiasme à vos interlocuteurs

● Comment improviser un discours construit

 

Sortie du livre le 8 septembre 2014 !

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28 juillet 2014 1 28 /07 /juillet /2014 18:47
Dès janvier 2015, chaque salarié devra bénéficier d'un entretien professionnel tous les deux ans. D'ores et déjà, il est conseillé de bâtir une stratégie pour pousser ses pions en interne. Les préconisations d'Yves Maire du Poset, expert en mobilité.

Exit l'entretien de deuxième partie de carrière, vive l'entretien professionnel. Une rencontre de plus? Pas seulement. A partir de janvier 2015, il s'agira pour l'employeur de faire un "état des lieux récapitulatif" de votre parcours professionnel en interne. Distinct de l'entretien d'évaluation, il formalisera une nouvelle obligation des entreprises, celle de veiller à la progression de ses salariés. L'occasion de prendre la main, de parler de soi, d'aborder tous les registres afin d'ouvrir de réelles perspectives de mobilité. Voici sept pistes proposées par Yves Maire du Poset, dirigeant du cabinet Piloter ma carrière*, pour anticiper et étayer une "offre professionnelle" charpentée et éloquente.

 

1- Evacuer l'a priori: "on me connaît"

Actif dans la maison depuis 10, 15 ou 20 ans, vous pensez que votre chef, votre gestionnaire de carrière ou le DRH a bien cerné votre profil. Rien n'est moins sûr! Nombre de managers ne repèrent que la technicité nécessaire à votre job. Or chacun de nous a de multiples facettes et une puissance professionnelle supérieure à ce que nous utilisons. C'est cela qu'il va falloir démontrer si vous voulez ouvrir d'autres portes. Le jour "J", votre supérieur risque de vous accueillir en disant "Je sais, depuis le temps que nous travaillons ensemble". Apprêtez-vous à répondre, "oui mais j'aimerais juste te rappeler en trois mots qui je suis..." ou "t'informer que...".

 

2- Noter faits et idées notables au fil de l'eau

Il s'agit de récolter dès aujourd'hui le matériau nécessaire à votre réflexion. Munissez-vous d'un cahier et renouez avec l'écriture. Formaliser noir sur blanc permet de mémoriser, de formaliser des idées et des mots justes. Dès qu'une pensée ou un souvenir professionnel intéressant vous vient dans le métro, le bus, une salle d'attente, au restaurant... notez-la illico sinon elle vous échappera. Et consacrez 1 à 2 pages à chaque thème afin de vous y retrouver aisément par la suite.

3- Prendre des RV avec soi-même

Réservez-vous sur votre agenda des temps de 45 minutes, une fois par semaine au moins, avec cet intitulé: "Mon moment". Le seul moyen de s'extraire de l'agitation quotidienne. Fermez tout, la porte de votre bureau, oubliez vos téléphones et votre ordinateur. Vous n'y êtes pour personne, même pour le boss. Profitez aussi de l'interruption estivale sur la plage ou à la campagne, pour vous projeter dans l'avenir. L'éloignement du bureau aide à faire le bilan et à faire le point sur son potentiel.

 

4- Bâtir sa courbe de carrière

Durant ces retours sur soi, revisitez votre parcours professionnel. Prenez une feuille de papier et un crayon. En abscisse, indiquez-en les dates significatives -poste, entreprise, responsabilités- et en ordonné un taux de satisfaction de 0% (l'enfer) à 100% (le paradis). Dessinez une première courbe croisant ces items. Puis réalisez une deuxième courbe plus détaillée en illustrant chaque étape clé de faits concrets (missions, tâches, résultats). Les hauts et les bas vous sauteront aux yeux et vous éclaireront sur les points majeurs à creuser: ce qui vous a permis de réussir; ce qui a conduit à l'échec. N'omettez aucun domaine: compétences, motivation, environnement, moyens... Puis relevez ce qui vous a rendu heureux et ce qui vous a paru pénible. Et élucidez le pourquoi.

5- Repérer ses "fiertés"

Interrogez-vous: "Qu'est-ce que je sais faire de mieux? De mieux que d'autres? Qu'est-ce qui me fait vibrer?". Vous allez débusquer des talents particuliers, différenciants, valorisants et que vous pourrez exploiter dans l'avenir (sens diplomatique, habileté manuelle, etc.). Je me souviens d'un ingénieur confirmé, qui, lorsqu'il débuta en bureau d'études chez Renault, résolut un casse-tête d'agencement de pièces mécaniques grâce à l'utilisation d'un chewing-gum. Son ingéniosité avait épaté ses collègues. Ce "Géo Trouve tout" a l'art de raconter cette anecdote dans tous types d'entretiens et elle marque les esprits.

6- Ecrire et "pitcher" cinq expériences réussies

Il s'agit d'exhumer les ingrédients du succès. Là encore, prenez un papier et du crayon et narrez à chaque fois sur deux pages au maximum un projet bien mené. Explorez systématiquement trois chapitres: le problème, ce que j'ai fait (ou "nous avons fait"), le résultat. Cela permet de structurer le raisonnement. Relisez-vous et affinez le texte en montrant ce que cette histoire a d'unique par rapport à d'autres similaires: un savoir-faire, une méthode, un goût du contact. Enfin résumez-la en trois lignes en vue d'accrocher votre futur interlocuteur en un temps record.

7- Aller à la rencontre d'autres métiers

Comment vous voyez-vous dans 5, 10 ou 15 ans? La question est difficile, mais elle a son importance. Rencontrez des pairs ou des hiérarchiques des services d'à côté pour clarifier vos envies et, le cas échéant, changer votre image. Tel cet ingénieur d'une grande SSII qui à 47 ans, se voyait bien en "communicant". Il était doué à son poste, mais dans le fond il s'ennuyait. Il a osé se renseigner autour de lui et dire son aspiration à son n+1 et aux RH alors qu'il n'avait pas la formation ad hoc. Comme il avait un solide esprit de synthèse, une bonne plume et un bel appétit en matière relationnelle, il a fait valoir ses arguments et a pu bifurquer à la direction de la communication. Meme pour les timides, aborder vos voisins d'étage n'est pas si compliqué: "je travaille sur tel sujet, vous pourriez sans doute m'aider... Et vous, votre métier consiste en quoi précisément?". Les gens adorent parler d'eux. En plus ils mentionneront peut-être de jolies opportunités intra muros.

 

http://www.lexpress.fr/emploi/gestion-carriere/sept-conseils-pour-bouger-en-interne_1550212.html 

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5 mai 2014 1 05 /05 /mai /2014 12:44

Les-Echos-5-mai-2014.jpgEt si, pour changer d´air, vous faisiez un petit détour par un bon « classique » fourmillant d´idées qui ne manqueront pas d´enrichir vos réflexions et de vous aider dans vos actions futures ?

Avec Balzac, on n´est jamais déçu. Forcément il y a tant de choses dans ses livres : des personnages hors du commun, des aventures incroyables, des leçons de vie, des perles à chaque page qui ne cessent de vous arracher sentiments d’admiration, élans d’intérêt, voire de passion et, parfois, quelques rires jaunes parce que vous vous apercevez vite que c’est de vous dont il s’agit…

Sociologue, historien, psychologue, politique, moraliste, observateur en tous genres, rien ne l’arrête. Il sait vous entraîner dans le tourbillon de ses passions et de ses emportements. Lire un roman de Balzac, c’est accepter dès le départ d’en sortir transformé, comme ébouriffé par grand vent !

Si j’ai choisi aujourd’hui de vous parler de ce Médecin de campagne, c’est parce qu’il s’agit d’une belle histoire dont les enseignements sont fort intéressants et pleins d’actualité. Faut-il ajouter que le roman est si magnifiquement écrit qu’on entre dans l’histoire comme un ver dans la terre…

C’est quoi l’histoire ?C’est principalement celle d’un personnage haut en couleurs : Benassis. Il est médecin, arrive à mi vie dans un village du Dauphiné, en devient maire et, en quelques années,  sort toute la contrée de sa torpeur. Là où misère économique et pauvreté régnaient en dépit d’une riche nature, il sait créer peu à peu de la croissance avec toutes sortes d’activités agricoles et industrieuses. Sa technique ? Il commence par observer ce pays ; il repère vite ses  quelques ressources puis cherche à identifier les attentes des populations du canton et de Grenoble, la grande ville la plus proche. A force de travail et de conviction, il réussit à créer de nouvelles richesses. Un exemple : il constate que tous les paysans achètent à Grenoble les clayons dont ils ont besoin pour y livrer leurs fromages. Il convainc donc un paysan de cultiver de l’osier puis réussit dans la foulée à créer de toutes pièces une petite industrie fabriquant toutes sortes de produits de vannerie : paniers, claies… afin d’alimenter les marchés avoisinants. Fort de ce premier succès, il fait venir la main d’œuvre nécessaire pour accompagner l’essor de cette activité et crée ce qu’il faut pour satisfaire leurs nouveaux besoins… Ainsi en quelques années, Benassis crée-t-il un cycle économique et social vertueux. Tous sont derrière lui car il a su imposer son autorité mais il est surtout un homme de bien qui n’a d’autre but dans la vie que celui de servir.

Car là est son secret : on comprend que cette vie est l’endroit d’un envers moins illustre. Benassis rend en effet à l’humanité ce qu’il lui a pris dans sa jeunesse : en offrant désormais son intelligence et son expérience aux autres, il paye sa dette. Tout au long du roman, vous le verrez avec bonheur, Benassis va raconter cette vie passée et s’en expliquer.

Aujourd’hui, quels enseignements peut-on tirer d’une telle œuvre ?

Quelques lignes ne suffisent évidemment pas à rendre compte de sa richesse. J’ai donc choisi de ne sélectionner que deux enseignements, que notre modernité, si souvent dans l’excès, ferait bien de prendre en compte : l’un sur la marche de l’économie et l’autre sur le management.

Un enseignement sur la marche de l’économie. Si l’on suit notre médecin de campagne, pour créer de la croissance, il faut commencer par regarder à sa porte : là se trouvent les premiers besoins à satisfaire. Certes, ce ne sont au démarrage que des besoins primaires mais leur satisfaction créera vite la richesse suffisante pour ouvrir la porte à d’autres besoins plus élevés. Balzac faisait déjà ce constat que « c’est l’activité qui crée l’activité. »* 

Or avec  ce livre, nous mesurons notre échec actuel sur ce terrain de la création économique. Notre choix de nous retirer de certaines activités considérées comme inférieures n’en est-elle pas la cause principale ? En faisant le pari du développement uniquement technologique tout en renonçant au reste, nous avons fait le lit d’une croissance qui finalement s’éteint parce qu’incomplète et donc déséquilibrée.

L’exemple édifiant que Benassis donne de la création d’une activité de tanneries et de confection de chaussures rappelle l’un de nos choix inconséquents il y a quelques décennies : ne plus fabriquer de chaussures. Pensions-nous à l’époque que nos contemporains iraient désormais pieds nus… ? Finalement, qu’avons-nous gagné dans cette opération ? Notre industrie de la chaussure a disparu et son berceau, Romans sur Isère, a un taux de chômage record de 21,15% ! Et nos enfants ne marchent plus qu’avec des mochetés en plastique fabriquées en Asie et dont les prix, bien supérieurs à une chaussure classique en cuir de qualité, font le bonheur d’entreprises étrangères florissantes !

Question : dans nos projets économiques, dans l’entreprise, dans nos institutions…, ne sommes-nous pas atteints par le syndrome de la « grossitude » qui finalement nous éloigne de nous-mêmes ? En dédaignant les « petites » activités, on se prive de l’essentiel : la chance d’un  travail pour tous. Facteur principal de la socialisation, celui-ci permet à l’individu de croire en lui puis de nouer des liens utiles sur le plan économique. Or qu’avons-nous fait depuis tant d’années sinon tourner le dos à cette évidence et à son corolaire, le bonheur pour tous d’« entrer en société économique » et de participer à son essor ?

Conséquence : il faut très vite reprendre langue avec le local et la proximité des besoins économiques primaires. Ce qui exige de faire un peu moins de place aux économistes « macro » qui sont dans l’échec absolu et d’en faire davantage à des économistes de terrain qui comprennent ce que veut dire le concept de création de valeur économique. Car c’est sur ce créneau que l’activité nouvelle est la plus facile à créer et que la mobilisation des populations est la plus vive.   

Un enseignement sur le management. Benassis sait faire bouger les choses en alliant efficacité du chef et goût de l’humanité. Pour réveiller sa contrée, il y investit toute son énergie. Il n’est pas un économiste ni un politique mais il observe, écoute, cherche à comprendre les uns et les autres. C’est ce goût de la proximité qui produit chez lui de la créativité. Et, quand il est convaincu, il lance ses projets. Il jauge chacun des acteurs, il leur fait confiance, il les met à l’épreuve et les accompagne par sa présence constante. Il sait se retirer dès que le succès se fait visible mais sait se réjouir avec ceux qui l’ont produit.

Benassis croit en l’Homme, infiniment. Toujours, il agit avec cette bienveillance qui donne de la dimension à son ambition d’« élever ce pays comme un précepteur élève un enfant.» Il connaît les Hommes et n’en attend pas plus que ce qu’ils peuvent donner, chacun  sa mesure. Charitable ? Oui mais avec modération : en tant que médecin, il ne fait payer que ceux qui le peuvent, en économiste, il cherche avant tout à accompagner les volontés. Il sait donner, accorder du crédit, il sait aussi s’enrichir mais avec cette mesure qui intègre le partage nécessaire du succès avec ceux qui le construisent. En somme, Benassis est un bel exemple de manager équilibré qu’on aimerait voir fleurir davantage !  

Yves Maire du Poset

*Michel GODET car il faut rendre à César…

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