2 octobre 2024 3 02 /10 /octobre /2024 14:28

 

Le dernier livre de Sébastien Lapaque, un coup de cœur que je souhaite partager avec vous.

Voici un récit admirable dont le prétexte est une rencontre entre Stefan Zweig et Georges Bernanos au Brésil, lieu de leur exil en 1942.

D’un côté, Stefan Zweig, écrivain autrichien très marqué par la culture éclectique qui régnait à Vienne avant 14/18. Avec les années, il devient l’un des écrivains les plus lus au monde, avec des œuvres de toutes natures et des amitiés forgées avec les plus grands de la littérature. Mais devant la montée du nazisme, il est contraint de quitter son pays et de fuir jusqu’au Brésil. C’est dans cette fuite qu’il découvre peu à peu, pourrait-on dire, sa judéité. Car la nuit allemande s’étend partout. Elle le poursuit, l’oppresse, y compris dans ce Brésil qui l’a pourtant bien accueilli et qu’il a tant aimé. Désespéré, il finira par se suicider avec son épouse. Du moins est-ce l’hypothèse la plus probable car une autre version est avancée : son assassinat par les nazis qui pullulaient au Brésil.

De l’autre, Georges Bernanos, écrivain français, reconnu comme cet immense écrivain de l’intérieur comme le dit Lapaque ; catholique fervent mais révolté par la paresse intellectuelle de la modernité technique, de l’Eglise comme des politiques. Il fut un antisémite notoire mais, face à la guerre d’Espagne, non seulement il retournera sa veste mais il la jettera aux orties. Il vomit Pétain et le Vichysme sous toutes ses formes. Réfugié au Brésil, il est entouré des siens. Et même s’il est dans la dernière partie de sa vie (il marche désormais avec des cannes), il reste solide : il a combattu en 14/18, il a vu de près la guerre d’Espagne et la terreur de Franco, il connaît la souffrance des Hommes comme pas deux. En 1942, sa colère contre l’imbécillité (son mot le plus cher) le maintient debout. Lui sait, avec raison, que la victoire des alliés va advenir.

Zweig et Bernanos se sont rencontrés, c’est sûr. Mais nul ne sait ce qu’ils se sont dit. Grand connaisseur depuis longtemps de l’un comme de l’autre, Sébastien Lapaque n’a pas pu résister à la tentation d’imaginer le dialogue entre ces deux géants dont les parcours, l’histoire et les œuvres n’impliquent pas une évidente harmonie entre eux.

Cependant, l’auteur en est certain, cette rencontre n’a pu être qu’un moment heureux de compréhension. Ils sont nourris des mêmes grandes œuvres et ils n’ont fait que travailler à percer à jour l’humanité de nos vies.

Mais Sébastien Lapaque ne fait pas qu’imaginer cette rencontre. Il raconte cette enquête qu’il a menée sur cette affaire pendant 20 ans. Il raconte leurs parcours personnels jusqu’au temps de leur exil ; il raconte les personnages illustres et ceux de l’ombre qui furent les témoins de leurs vies dans ce pays unique. En dévoilant tout son travail de lecture et d’analyse, il nous donne les clés de cette réconciliation universelle que ces deux écrivains appelaient de leurs vœux.

Et puis, et puis… il y a l’auteur, Sébastien Lapaque. Son regard unique sur ce pays qu’il aime depuis longtemps, et dont il connaît bien la langue. On aime sa culture si large et son goût d’intégrer les contraires, sa conviction que seule la culture permet de dépasser les oppositions. On aime sa passion, son humanisme sans frontières qui font de lui un écrivain inclassable. Vous verrez, avec ce merveilleux voyage culturel, vous n’échapperez pas à cette invitation à se (re)plonger dans les œuvres de Stefan Zweig et de Georges Bernanos ! Qui sait, peut-être serez-vous même tenté de prendre un billet pour le Brésil, histoire de retrouver quelques-unes des traces de cette enquête… ?  

Yves Maire du Poset

* Echec et mat au paradis de Sébastien Lapaque (ACTES SUD)

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