Un bon roman de Lionel Duroy, un de plus !

Voici les mémoires de Paulus, grand vaincu de Stalingrad. Il est prisonnier des soviétiques auxquels il s’est rendu. Défait, il se met à réfléchir sur son parcours qui l’a mené au sommet.

C’est un militaire, un être fait d'une obéissance qui peut aller jusqu’à l’aveuglement. Il a prêté serment à Hitler mais il en est tourmenté. Il est heurté par le massacre des juifs, il refuse de supprimer les commissaires de la révolution qu'il fait prisonniers. D’un côté, il admire Hitler pour son génie stratégique et le redressement d’une Allemagne humiliée que celui-ci personnifie ; de l'autre côté, il le déteste, moralement.

Ce devoir d'obéissance le fait souffrir.  

Devant l’inexorable défaite, il refuse de se suicider comme le voulait Hitler. C'est son premier acte de rébellion. Il s'interroge, il interroge les autres, ceux qui pensent autrement et ceux qui partagent son avis. Il s’assouplit et s’ouvre à la critique de sa propre conduite.

En désobéissant, il retrouve sa liberté, ses valeurs et son humanité. Il laisse le sens commun reprendre sa place de garde-fou ! Il se demande pourquoi le peuple ne réagit pas devant de telles horreurs ? Il cherche les réponses et, finalement, il appelle les Allemands à désobéir et à rejeter Hitler. Désobéir n’est-il pas l’un des chemins de vertu… ?

Lionel Duroy se met dans la tête de Paulus : à sa place, il pose des questions sur la situation qui était la sienne et sur les circonstances du moment. Quelles étaient ses réflexions, quel fut le combat intérieur de ce grand militaire, écartelé entre sa loyauté et ses convictions ? L’auteur veut tout comprendre.

Au fond, dans ce livre, il y a comme un secret (de Polichinelle…) : un écrivain, c'est quelqu’un qui sait être dans l'empathie, cette qualité rare qui fait qu’on arrive à se poser les bonnes questions sur les autres, pour les comprendre et les faire vivre comme si « on y était ».

Chez Lionel Duroy, c’est une constante ; son « truc », c’est de savoir entrer dans la tête des autres !*

Bonne lecture !

*lire « Eugenia », « L’hiver des hommes »…