Vous êtes « invité » à sortir de votre entreprise. On vous propose un outplacement ? Prenez-le ! Mais avant, sachez quels sont les bons critères pour choisir votre consultant, quels sont les principaux pièges et défis auxquels vous serez confronté !
Ce matin, Pierre est prié gentiment d´aller voir ailleurs ! Son entreprise vient de le lui faire savoir : son poste n’a plus l’intérêt qu’il avait par le passé. Sa personne n’est, bien entendu, pas en cause, on lui garde toute confiance mais sur le plan économique, les faits sont têtus : on a eu beau chercher une solution en interne, « on n’a pas trouvé pour lui de mobilité heureuse. » Bien évidemment, on ne va pas le laisser tomber : un cabinet d’outplacement va l’aider à passer dans les meilleures conditions cette transition et, quoi qu’il arrive, « nous serons toujours là, mon cher Pierre, pour vous aider…»
Pour tous ceux qui sont dans cette situation et quand bien même la pilule est enrobée de caramel, la secousse est violente. Et, selon qu’ils sont plutôt battants ou battus, au sommet ou fondus dans la masse, experts ou généralistes, paranos, raisonnables, fatalistes, que sais-je encore…, les questions fusent, sans beaucoup de réponses à ce moment-là.
Ajoutons que ce problème « pro » va vite devenir un problème éminemment « perso » : en quelques jours, vous allez en effet faire une auto-psychanalyse à vitesse grand V ! Passer en effet d’un statut confortable de salarié à celui de demandeur d’emploi pointant chez Pôle Emploi… au secours !
Le consultant, sa mission. Or c’est dans un tel tourment que va intervenir l’outplaceur qui vous suivra sur ce chemin vers une nouvelle activité. D’abord en vous faisant réfléchir sur vous ; puis en vous aidant à vous projeter dans l’avenir ; et, enfin, en vous préparant à convaincre le marché. Telles sont les grandes étapes classiques d’un outplacement.
Sur le papier, tout semble clair, structuré, presque facile. Pourtant les choses ne le sont pas autant qu’on pourrait s’y attendre. En voici les raisons : l’outplaceur n’est en aucun cas Dieu le père ou je ne sais quelle machine magique ayant réponse à tout pour vous guider dans votre recherche. Il est en effet lui-même confronté à quatre défis qu’il a pour mission de relever avec vous. Et c’est sur sa capacité à les relever, et sur cette seule capacité, qu’il vous faut le juger.
Premier défi : vous aider à mettre de l’ordre dans votre offre afin d’en dégager une puissance majeure : au début, votre offre ressemble probablement à une chambre d’enfant mal rangée plutôt qu’à une pièce savamment ordonnée où chaque objet serait à sa place. Question : avez-vous une idée claire, précise et complète de ce qu’il y a dans votre offre et de ce qui peut intéresser le marché… ? Deuxième défi : vous aider à percevoir quelle image professionnelle vous avez vraiment : l’image que vous avez auprès de ceux que vous connaissez compte en effet beaucoup dans l’offre que vous allez construire. Question : à part cet entretien d’évaluation sec, chiffré et emprunté auquel vous avez droit une fois par an dans votre entreprise, de quand date le dernier feed-back d’un expert sur cette question sensible… ? Troisième défi : vous aider à communiquer avec de la technique pour convaincre : vous vous sentez peut-être très fort dans la vie commerciale mais êtes-vous vraiment préparé à vous vendre ? Question : êtes-vous bien sûr que le discours que vous allez « servir » à vos futurs interlocuteurs servira au mieux votre cause… Savez-vous communiquer « à cerveau total » ? Quatrième défi : vous donner sur tous ces sujets essentiels le bon exemple en choisissant de vous dire la vérité : savoir parler de vous avec justesse et clarté, savoir écrire pour être reçu par ceux qui peuvent vous être utiles, savoir gérer toutes les embûches probables des entretiens sans se faire « bananer…», relancer au téléphone ceux qu’on connaît et ceux qu’on connaît moins… Bref, sur tous ces thèmes, c’est surtout d’entraînement dont vous aurez besoin ! Question : de quand date votre dernière confrontation au réel sur de tels sujets ?
De tels défis exigent en effet quatre qualités humaines essentielles : une attention faite de toute l’humilité nécessaire pour comprendre chaque situation, une expérience de la relation humaine réellement vécue et large, une vision du marché de l’emploi globale et pertinente et enfin une capacité à transmettre non seulement le concept utile mais la bonne pratique.
C’est de cette complétude et de cet équilibre de qualités dont l’outplacé a besoin et non de ces faux arguments vendus pourtant avec éclat : l’accueil du cabinet (aux petits oignons…), l’épaisseur de la moquette… Pire, la taille du cabinet qui, bien vantée, rassure le besoin grégaire de l’outplacé en lui offrant l’illusion d’un retour immédiat dans le cocon d’une entreprise (« Dans notre cabinet, vous allez croiser beaucoup de gens dans votre situation… »), le relationnel du cabinet aussi long que le nez de Pinocchio, etc.
Oubliez tout ceci qui n’est pas l’essentiel et choisissez plutôt la voie de la raison : la recherche du bon duo que vous formerez avec le consultant choisi, non en fonction de vos petites faiblesses du moment et de votre besoin compréhensible d’être remis en confiance mais en fonction de ces vrais défis qui ne manqueront pas de se présenter et, qu’avec lui, vous relèverez afin de réussir cette transition.
Yves Maire du Poset