« Bonjour, tu es vacciné… ? Comment, pas encore ? Ah je vois, tu es un « antivax » ! Tu as oublié qu’enfant, on t’a vacciné contre quantité de maladies…, franchement, tu me déçois, tu devrais être plus solidaire, plus altruiste… te rends-tu compte qu’à cause de gens comme toi, nous allons devoir nous reconfiner… ? Mais enfin, regarde les chiffres… ! C’est fou cette irresponsabilité, faut arrêter d’être autiste, faut sortir de ton trou ! »
« T'ar ta gueule à la récré ! » Hé oui, désormais, à chaque rencontre, voici les leçons qui me sont servies. Et depuis peu, je sens que l’étau se resserre, que l’air va manquer et, surtout, je sens que la maréchaussée, bientôt, va s’en mêler… !
Au début pourtant, juré, craché, il n’était pas question de rendre le vaccin obligatoire ; maintenant tout le monde en parle, le Conseil ceci, la Haute autorité cela… Ce fut la même chose avec le pass sanitaire, pas question une seule seconde de le rendre obligatoire et puis, peu à peu, pour passer une frontière, pour prendre l’avion…, faudra que tu aies ton pass mon gars, sinon tu verras, pour le cinoche, la piscine, la bamboche avec les copains et les copines, ce sera pass… ton chemin !
Bon. Comment en sommes-nous arrivés là ? Il y a moins de deux ans, un virus se propage comme cela est souvent arrivé dans le passé. Certes il est dangereux mais pas plus que d’autres virus pour peu qu’on prenne les bonnes mesures. Pourtant cette fois, dans un climat de peur produit à grand renfort de tambours, il faut tout arrêter, ne plus bouger, rester dans nos cages pendant des mois et… vacciner la planète, pas moins !
C’est vrai, quand je pense à cette crise virale, au-delà des nombreuses victimes dont, bien évidemment, je ne nie pas la réalité et la déplore comme tout le monde, je ne peux m’empêcher de voir, dans la manière dont les gouvernants et les institutions l’ont gérée, une immense mascarade. Avec l’espoir qu’un Monsieur Loyal viendra très vite nous dire : bon, on vous a fait une bonne farce, on voulait savoir jusqu’où on pouvait vous tromper, on voulait voir jusqu’à quel point votre résistance tiendrait…
Car le récalcitrant que je suis, veut tout de même rappeler que depuis 15 mois, la politique sanitaire choisie est allée à l’encontre du bon sens et des bonnes traditions sanitaires ancestrales.
Deux impasses étonnantes ont en effet été faites. La première impasse a été de ne pas avoir mis en œuvre, immédiatement, une véritable politique de prévention. Par exemple, en incitant les citoyens à consommer des produits contenant ces fameuses vitamines et autres produits qui, naturellement, renforcent l’immunité des personnes contre les virus, justement (vitamines D, C, du Zinc…). Mais également en incitant les porteurs de pathologies (obésités, diabète, hypertension, problème cardio-vasculaire, stress/dépression…) à faire très attention, à surveiller et modérer leurs consommations et leurs comportements. Rappelons que les proies les plus vulnérables de ce virus sont précisément les porteurs de ces maladies chroniques dues à un système environnemental et social excessif (c’est pourquoi il faut parler de syndémie et non de pandémie), ainsi que les plus âgés d’entre nous. On aurait dû aussi, malgré le confinement décidé, plutôt encourager les individus à bouger (et pas seulement à faire pisser leur chien) au lieu de s’acharner à tracer leurs faits et gestes. Question : ces bons conseils, les avez-vous entendus…?
La deuxième impasse a été de ne pas soigner. Dès l’arrivée de l’épidémie, la recommandation principale était musclée : « en cas d’infection, restez chez vous et prenez du paracétamol ». Cette impasse du soin, décidée dès le démarrage, a eu comme conséquence de laisser au vestiaire le médecin généraliste qui, lui pourtant, possède l’expérience irremplaçable dont la situation exceptionnelle avait tant besoin ; d’autant plus qu’avec ses pairs, il pouvait échanger, enrichir son expérience et alerter. Pire, des traitements existants et efficaces partout dans le monde et ce, depuis des lustres, furent exclus des règles de prescription en France. De telle sorte que, faute de soins dès l’apparition de symptômes, l’hôpital dut soigner des malades dont l’état, hélas, avait empiré ! Question : en dézinguant le soin en amont, le bon sens ne vous paraît-il pas avoir disparu ? Car c’est évidemment sur le soin qu’il fallait mettre le paquet, y compris dans la recherche et pas uniquement sur le vaccin !
Rappelons également que ces deux impasses ont été faites après des dizaines d’années d’une politique sanitaire qui a affaibli non seulement l’hôpital mais le soin en général, en pratiquant une politique d’austérité qui a cherché à « soigner les indicateurs plutôt que les personnes » comme l’a souligné le professeur André Grimaldi ainsi que le professeur Stéphane Velut qui a décrit la transformation managériale de l’hôpital ces dernières années.
Une troisième impasse ? Mais le pire est que ces deux impasses ont été délibérément mises sous le tapis par le « pipotage » médiatique des savants et des journalistes, qui nous a été servi pendant des mois. Je veux dire que nous avons été privés d’un débat contradictoire et ouvert (je rappelle qu’il s’agit d’une étape essentielle de la démarche scientifique) : les medias ont évincé les opinions de scientifiques expérimentés qui n’étaient pas d’accord avec les choix faits. Parfois même, sans vergogne et en ricanant, on en a fait des boucs-émissaires. Seuls ceux, reproduisant la parole d’en haut, furent autorisés à commenter les événements. Or évincer du débat la contradiction est un acte de renoncement, non seulement à la science mais aussi à la démocratie. Et fabriquer des boucs-émissaires est un acte de faiblesse du pouvoir, vil et vieux comme le monde. Il faudra se souvenir de ce qu’on pourrait presque appeler la troisième impasse, celle de la démocratie, aidée en cela par des medias unanimes et complices.
Sur les leçons qui me sont faites… Vous me dites que les vaccins sont sûrs mais… savez-vous qu’ils n’ont obtenu qu’une autorisation de mise sur le marché (AMM) conditionnelle ? Ils ne sont en effet qu’en phase 3, c’est-à-dire que toutes les recherches sur l’efficacité, l’innocuité et la qualité n’ont pas été menées jusqu’à leur aboutissement. Question : prendriez-vous un avion dont tous les phases d’expérimentation après sa construction n’auraient pas été soigneusement exécutées ?
De même, savez-vous que les labos se sont défait sur les acheteurs, c’est-à-dire les autorités publiques qui autorisent leur mise sur le marché, de leurs responsabilités, notamment financières, quant aux risques sanitaires éventuels ? Ce transfert de responsabilité auquel nos institutions française et européenne ont largement prêté le flanc dans le domaine des médicaments est une première ! Question : achèteriez-vous une voiture sans aucune garantie quant à sa sécurité ?
Vous me dites que se vacciner est un acte impérieux d’altruiste patenté mais… savez-vous que le vaccin n’empêche pas la transmission ? Même vacciné, si vous êtes un cas contact, vous devez impérativement vous mettre en quarantaine et vous faire tester (source Ministère de la santé). Question : cet altruisme dont vous parlez n’a-t-il pas une utilité plus marchande qu’éthique… ?
Vous me dites qu’enfant, j’ai été vacciné plusieurs fois de manière obligatoire mais… il s’agissait de vaccins mis sur le marché sans condition car ayant passé avec succès toutes les phases d’expérimentation afin de faire disparaître au maximum les inconnues. De plus, ces vaccins combattaient des maladies mortelles, frappant aveuglément et sans discrimination toutes les populations ; ce qui n’est pas du tout le cas de ce virus qui, lui, s’attaque aux vulnérables. Question : pourquoi alors faire prendre ce risque à tous, surtout aux enfants qui ne sont pas concernés ?
Mes 4 recommandations. Pour résumer ma pensée, oui, je n’ai guère confiance dans les choix politiques qui ont été faits, davantage, me semble-t-il, à l’instigation d’un monde pharmaceutique puissant et dont les pratiques sont discutables, plutôt qu’à l’instigation de la raison et du bon sens. C’est pourquoi afin de remettre un tant soit peu de calme dans ce vent de folie, je recommanderais aux pouvoirs publics de prendre quatre décisions :
- La première est de créer un Conseil des soignants (médecins généralistes et autres soignants de terrain) qui aura les mêmes pouvoirs que les Conseils existants. Ce Conseil dépendra directement du Président de la République.
- La deuxième est de rétablir le droit des médecins de prescrire les médicaments qu’ils veulent. Je pense notamment aux molécules dont les vertus antivirales sont avérées (sauf en France, curieusement depuis quelques mois …).
- La troisième est de créer un Conseil des malades. Celui-ci viendra en appui du Conseil des soignants pour le nourrir et l’éclairer au quotidien.
- La quatrième est de réformer le Conseil scientifique (le Conseil de défense sanitaire, lui, sera supprimé), en incluant, à parts égales, d’autres expertises que celles relevant de la seule science médicale et épidémiologico-statistique ; avec des philosophes, des sociologues, des historiens, des psychologues, des lettrés et, pourquoi pas, un poète (il en faut toujours dans les comités de crânes d’œufs, ça fait baisser la température…).
Quatre décisions qui, selon moi, en refaisant de la place à tous les acteurs en jeu, rééquilibreront le dispositif d’analyse, de réflexion et de gestion de cette crise virale.
A tous, bonnes vacances !
PS : sur la plage, je vous conseille la lecture de deux petits essais : De la démocratie en pandémie de Barbara Stiegler (Gallimard collection Tracts, 3,90 €) et L’hôpital, une nouvelle industrie de Stéphane Velut (Gallimard collection Tracts, 3,90€). Ils sont faciles à lire, 40 pages environ, pas chers et très instructifs. Et puis si vous avez le courage, lisez le rapport de la commission d’enquête du Sénat en 2010 (n° 685, vous le trouverez sur Internet), relatif à l’ « épidémie » de la grippe H1N1. Déjà, à l’époque, une incitation à la vaccination générale avait été tentée (parfois par les mêmes baratineurs et autres lobbyistes des labos), heureusement sans succès. Un galop d’essai… ?
Yves Maire du Poset